Affaire Renault : Halte à l'intox anti-Chinois. Des excuses publiques doivent être formulées par les Français

Publié le par Thierry-Patrick GERBER

Le site Challenges.fr (4 mars 2011) a dressé une chronologie de l’« affaire d’espionnage chez Renault ». Le 9 janvier 2011, sont évoqués des « intérêts situés à l’étranger ». Déjà, depuis plusieurs jours, « la presse rapporte que l’enquête diligentée par Renault fait état d’une société chinoise qui aurait alimenté les comptes ouverts en Suisse et au Liechtenstein. […] L’argent proviendrait d’une société basée à Pékin, la China Power Grid Corporation. »*** Un nombre conséquent de médias et journalistes ont repris la thèse de la « piste chinoise », la société chinoise CPGC étant une entreprise dont le capital est détenu par l’Etat chinois. Combien de gros titres mettant en cause la Chine ? (voir nos revues de presse, où nous avons mentionnés plusieurs papiers). Il y a eu véritablement un emballement médiatique. Plusieurs articles de presse ont été aussi consacrés aux méthodes utilisées par les Chinois pour faire de l’espionnage industriel ou d’une autre nature, de la déstabilisation, etc.*** Challenges.fr écrit : « Le 11 janvier 2011, montrée du doigt depuis la révélation de l’affaire, la Chine sort de sa réserve pour dénoncer des accusations ‘totalement sans fondement, irresponsables et inacceptables’. Le porte-parole du gouvernement [français] François Baroin réagit en expliquant qu’ ‘il n’y a pas d’accusation officielle de la France et du gouvernement français à l’égard d’aucun pays aujourd’hui’. »*** Puis des articles de presse paraissent prenant des distances avec les thèses fait état d'espionnage au profit des Chinois.*** Dans son numéro 796, daté du 2 au 8 mars 2011, l’hebdomadaire Les inRockuptibles publie un article « Renault : l’espion qui jette un froid » pages 18-20, où l’on peut lire : « Le Canard enchaîné a révélé le nom de la firme chinoise que Renault soupçonne d’acheter ses cadres : c’est la China Power Grid Corporation, une société de distribution électrique concernée par l’avenir de la voiture électrique. Nous pouvons révéler aujourd’hui le nom de la deuxième société étrangère soupçonnée d’espionnage par Renault. C’est le géant aéronautique chinois Avic (China Aviation Industry Corporation), qui construit des avions civils et militaires […]. Selon l’enquête de l’espion de Renault, l’argent d’Avic passait par une société de Shanghai : la Shanghai Aircraft Manufactoring Factory ».*** Le 4 mars 2011, dans Le Figaro, Patrick Pélata (Direction de Renault) indique : « soit nous sommes face à une affaire d’espionnage et un cadre de la direction de la sécurité de la société protège sa source envers et contre tout. Soit Renault est victime d’une manipulation, dont on ignore la nature ». La thèse de la manipulation prend alors le dessus par rapport à l’espionnage au profit des Chinois.*** Ce même 4 mars, dans plusieurs médias, les ministres Christine Lagarde et Eric Besson ont pris leurs distances par rapport aux accusations portées par Renault à l’encontre des trois cadres licenciés. Ont été évoquées de nécessaires réparations du préjudice subi. Pas un des deux ministres n’a pensé au fait qu’il est nécessaire de formuler des excuses publiques, sous une forme ou sous une autre, à l’entreprise chinoise qui a été suspectée et à la Chine, plus largement pour ces fausses accusations portées par les uns et par les autres.*** Le gouvernement français devrait penser à formuler des excuses, même s’il est resté publiquement neutre, car les Français qui ont repris aveuglement les thèses de Renault (non confirmées par les services français de renseignement) et ont craché sur la Chine vont vite passer à autre chose pour faire oublier leurs méfaits et exactions. Ces pyromanes devraient aussi en profiter pour revoir leurs manières de travailler. Ils ont gravement porté atteinte aux relations franco-chinoises, au plan diplomatique comme au plan des liens entre les peuples. Les Chinois aiment bien les Français, mais pas au point d’accepter d’être humiliés par certains d’entre eux, et dans l’indifférence des autres. Après tout cela, certains s’étonneront que Renault-Nissan perde des parts de marché sur le marché chinois, les Chinois ayant de forts sentiments patriotiques. Nous avons hâte de connaître tous les éléments de cette affaire. Patientons encore.****
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